Peter Cogen

Je ne vous présente plus Peter.

http://www.petercogen.com/

La dernière

J’aurais aimé qu’elle soit brutale
Désabusé
Et froide
Mais non
Elle est douce
Ses gestes sont précis
Elle sait exactement
Comment prendre ce corps
Provisoirement mien
Qui n’est plus que douleur
Et qui pourtant
Quand elle est là
Semble docile

J’aurais aimé mourir avant
Fier
Nonchalant
Mais non
Il a fallu que je sois là
Livré à elle
Nu et sale
Impuissant
Incroyablement vieux
Totalement laid
Sous ses yeux
Qui pourtant
Semblent sourire

J’aurais aimé être comme elle
Humble
Et serein
Mais non
Je gémis et me plains
Feins d’avoir mal
Refuse
De mes dernières forces
De dire merci
A cette femme
Qui pourtant
Semble sincère

J’aurais aimé qu’elle reste un peu
Ici
Près de moi
Mais non
Elle se penche déjà
Sur le corps imbécile
Du cancéreux
D’en face
Répète ses gestes
Et partage sa vie
Avec chacun d’eux
Qui pourtant
Semblent mourants

J’aurais aimé aimer comme elle
Avant
De mon vivant

Je sais

Je sais la peur que je t’inspire
Je n’y peux rien
Je suis ainsi
Et toi tu n’es pas moi

Je connais l’air que tu respires
Et la poitrine
Qui t’as nourri
Car tu es né de moi

Je sais aussi que tu désires
La fleur de lys
Un cri de moi
Et qui serait pour toi

Je sais la peur que je t’inspire
En étant femme
En étant moi
Un univers sans toi

Secret

Il y avait des nuages
Du vent venant de l’ouest
Du noir et du gris

Il y avait un curé
Des vers de l’évangile
Du bois et du cuivre

Il y avait des parents
Une tante norvégienne
Des yeux et des larmes

Puis toi, qui n’était plus
Des cordes tendues
Des mains et des gestes

Ensuite il y avait moi
Au milieu de ce monde
Du bruit et du café

Enfin il y avait nous
Unis dans ma vie
Un miracle secret

Abus

Ils ont pris mon âme
Ils ont commencé par là
Effacé mon sourire
Qui ne leur plaisait pas

Puis saccagé le reste
Se servant comme chez eux
Et quand ils sont partis
Ils ont éteint mes yeux

Je vous demande pardon
De mal vous recevoir
Excusez-moi aussi
D’être d’humeur si noire

Ne m’en veuillez pas trop
Si je n’écoute pas
Je veux trouver mon âme
Je commence par là

Logos

Les mots n’éclairent rien
Enfants de la lumière
Tout comme Oedipe
Ils cherchent
A éblouir leur mère
Et c’est aveugles
Qu’ils s’en vont mourir
Non pas comme le pensait
Ce vieux fumeur viennois
De culpabilité ou d’élans refoulés

Non

Ils meurent d’impuissance
De n’avoir révélé
Le temps d’un écrivain
Que leur propre vanité
Et de n’avoir été
L’espace d’une tragédie
Que le reflet furtif
De tout ce qui est vie
Qui va qui vient
Qui naît qui meurt
Et que rien ne retient

Mais

S’ils ne sont que témoins
Et qu’ils s’en accommodent
Si du désir naissant
Ils parlent à voix basse
Se renoncent à servir
N’ayant d’autre ambition
Que d’être nés un jour
De celle qu’ils ne sont pas
Si a défaut de grâce
Ils ont quelque élégance

Alors

Elle me semble

Elle se balade toujours hors cadre
Il y a des gens, qui ont ce pouvoir-là
En fait, disons, pour être plus précis
Que partout où elle va, le cadre

Semble…

Mais non, ne disons rien
Car parler d’elle, serait déjà
Une tentative de l’approcher
Et si nous le faisions, elle nous

Semblerait…

Alors, pour malgré tout
Etre près d’elle, ici et maintenant
Dans notre cadre, un peu étroit
Je dois vous inviter à faire

Semblant…

Heureusement que vous et moi
A l’heure qu’il est, en cet endroit
Nous savons très exactement
Comment s’y prendre pour

Sembler…

Buvons un verre, ou un café
Surtout ne nous retournons pas
Ils se pourrait qu’elle nous observe
Prenons un air bien affairé

Semblons…

Plus tard et dans un autre cadre
Je nous vois déjà parler d’elle
Dire haut et fort qu’elle était là
Ou tout du moins, qu’il nous

Semblait…

Pas

Le oui de toi
Parfois
Devient pourquoi
Pas très souvent
Ma foi
Assez souvent
Toutefois
Pour que le sûr de moi
Ne le soit pas

Alice

Voilà le voyage.
Voilà le chemin.
Voilà le pas.

Oh, il sont étranges, je sais.
Le pas. Le chemin. Le voyage.
Ils sont étranges.

Nous ne verrons pas de paysage.
Ni mer, ni fleuve, ni montagne, ni plaine, ni ville, ni désert.

Nous ne rencontrerons pas d’étrangers.
Ces gens qui vivent ailleurs et qui font autrement ce que nous faisons sans y penser et qui donnent d’autres noms aux choses et cela aussi sans y penser.

Tu le sais bien, il y en a qui disent « bird ».
Heureusement que l’oiseau, quant à lui, n’y pense pas non plus.
Sinon… à l’idée de ce mot plat et lourd il tomberait du ciel.

« Bird » !

Ils sont étranges, les étrangers.
Savais-tu que d’autres ont dans leur langue étrangère plus de cinquante mots différents pour dire « neige » ?

Nous n’irons pas les voir !
Nos pas ne suivront pas le chemin d’un voyage vers des terres connues et peuplées d’étrangers qui font tomber les oiseaux du ciel ou qui nous compliquent la vie en disant qu’il neige de plus de cinquante manières différentes.

D’ailleurs.
Vois le pas que je fais.
Il est étrange, non ?

Fais-le.
Oh, rien que pour voir.
Tu pourras rebrousser chemin, quand tu voudras.
Ou continuer, cela va de soi.
Faire tout un voyage, même.
Et l’oublier.
Aussi, oui.
Il n’y aura pas de photos souvenir.
Pas d’anecdotes.

Etrange, non ?
Tu viens de faire le pas et je vois ton visage qui change.
Tu souris.

Dans tes yeux quelque chose a changé, aussi.
Il y a…
Mais faisons un pas de plus, d’abord.
Un seul.

Tu vois, nous ne sommes pas allés loin encore.
Tu peux faire demi-tour, si tu le désires.
Ou continuer, oui, mais pas tout de suite.

Je t’en prie, attendons un petit instant. Attardons-nous. Ici.
Deux pas étranges sur ce chemin étrange et voici que dans tes yeux…
Je peux le dire maintenant…
Il y a comme une lueur.
Comme…

Tu as raison, faisons un pas de plus.
Je verrai bien mieux ce qui dans tes yeux ressemble à une lueur et qui m’intrigue un peu, depuis ton premier pas.

Trois pas, déjà !
Tu oublies la prudence.
Et tu souris.
Tu sembles t’amuser sur ce chemin étrange.
A faire des pas.

Quatre. Cinq.

Tu ris.

Ce n’est plus une lueur.
Ton regard est devenu lumière.
Tes yeux sont devenus joie.

Six pas. Sept.

Violette.

Tu te demandes si tu dois poser ta main dans la mienne.
Ou, au contraire, me laisser là et partir à bicyclette.

Ah, oui.
J’avais oublié de le préciser, oui.
En faisant ce voyage étrange il se peut que nous trouvions des choses sur le chemin.
Une bicyclette par exemple.

Et même…
Il se peut que te vienne soudain l’envie de jouer.
Comme si tu avais sept ans.
Ou huit.
Ou six.

D’ailleurs, il est tout petit l’engin.
Si tu n’avais pas fait tant de pas.
Si tu n’avais pas ce regard de lumière.
Si tes yeux n’étaient pas devenus joie.
Tu verrais que cette petite bicyclette ne pourrait jamais porter la grande personne que tu es.

Que tu n’es plus ?
Oh, mais…
A moi d’avoir envie, soudain, de te prendre par la main.
Mais tu n’en veux rien savoir.
Tu cours.
Tu ris.
Tu chantes.

Violette.
A bicyclette.

Va.
Je t’attendrai, ici.

Soufflé ! Epaté ! Jaloux, envieux !

Dis-donc Peter, tu pourrais pas m'aider pour remplir ma cabane à mots, en échange, je te branche avec la boulangère de ma rue. Elle est belle à en mourir. Où je t'invite sur la côte d'azur (Zut, j'ai laché une info perso) pour faire du bateau.

Il y a de quoi Louis
Il y a de quoi.
Vraiment...



Mais s'il me semble, tu n'es pas en reste toi-même (!)
Quelques petits textes de prose lus sur ton blog auraient leur place dans ta cabane, non ?!

Mdrrrrrrrrrrrrrr.

Entre la boulangère et le tour en bateau, mon coeur devrait balancer, hein !

Je veux dire, c'est beau un tour en bateau. On n'en fait pas tous les jours.

Ben oui.

Mais bon.

La boulangèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèère me tente tellement plus.

Pfff... je ne changerai jamais ! Parfois, je te jure, j'ai honte.

Je sais pas mimi. Ce Peter me donne le vertige. Mes mots ne sont que du parlé écrit. Mais très sincèrement, très sincèrement, il me séduit beacoup, il a une telle profondeur, j'aimerais le connaître, pouvoir lui parler.

Tiens voilà que je parle comme une femme !

Mes proses ne sont que des textes de blog, d'HLM de l'écrit. Une cabane est un endroit délicat, romantique, secret, ou on chuchote plus qu'on ne décrie.

Mais je te promets que je ferai un effort surhumain pour t'honorer (!!!)

Vendu ! Mon cher Peter, ce sera un tour en voilier avec la boulangère. Je suis meilleur barreur que narreur !

Tu écriras sur les îles de Lérins, Saint tropez, Saint jean Cap ferrat, Antibes, Monaco, Cannes pendant que je tiendrai la barre avec la boulangère (ou qu'elle tiendra la barre )

Diable, je m'en doutais !

Ca sentait le mauvais plan (faut toujours se méfier des hommes gentils !)

Toi à la barre avec la boulangère et moi qui écris dans la cale ?

Tu rêves ???

Pour ce qui est des textes, l'important n'est pas de bien écrire.

Il suffit d'avoir le bonheur de tomber sur des lecteurs qui ont du talent.

Car c'est eux qui transforment, par leur regard, ce que tu écris !

Je te promets que si tu abandonnes tout souci de plaire en général.

Il t'arrivera, presque malgré toi, de charmer quelqu'un de particulier.

PeterCogen a écrit:

Je te promets que si tu abandonnes tout souci de plaire en général.

Il t'arrivera, presque malgré toi, de charmer quelqu'un de particulier.

Mdrrrr !

Sauf la dernière phrase. En plein dedans ! Bon je vais m'allonger sur mon divan !

PeterCogen a écrit:

Pour ce qui est des textes, l'important n'est pas de bien écrire.
Il suffit d'avoir le bonheur de tomber sur des lecteurs qui ont du talent.
Car c'est eux qui transforment, par leur regard, ce que tu écris !

Je suis tout à fait d'accord avec ça!
Et c'est rare de le voir écrit!
Le lecteur qui a le "regard" amoureux" fera de nous le plus grand écrivain du monde!
Et c'est tellement bon quand quelqu'un nous apprécie!

bec'

Moi aussi je veux venir écouter des beaux poêmes sur un voilier a St. tropez,s'il vous plaaaiiiit!!


Vraiment Peter tu es trop humble et tellement doué pour nous faire voyager ,Merci ....La toute petite Shiny!

Avec grand plaisir. Pour les poèmes, il faudra convaincre Peter de venir. Parce que moi, je serai avec la boulangère.

Merci Bec !

Je suppose qu'on l'écrit rarement parce que c'est une pensée qui dérange un peu.

Traverser le miroir fait peur.

S'en remettre, confiant, comme tu le dis si bien, au regard amoureux de l'autre, accepter que c'est elle ou lui qui nous embellit et néanmoins s'en réjouir, n'est pas chose aisée.

On peut commencer, cela va de soi, par exercer son propre regard sur les autres, par être attentif à leur noblesse, par scruter le moindre signe de leur générosité, par chercher le trait de génie que masque l'ordinaire.

Mais même cela, j'ose à peine l'écrire !

Kikoo Shiny & Louis !

Le projet prend forme, semble-t-il.

Lire des poèmes pour Shiny sur un voilier à St-Tropez, ma foi, cela m'est déjà moins désagréable que d'assister, écrivant, aux amours de Louis et de cette boulangère de rêve.

Développez, développez, mes cybercops !

Mon dieu, Loula !

Tu comprendras qu'il serait inconvenant que je me substitue à Louis pour inviter d'autres personnes à bord de ce voilier dont lui seul connaît, pour l'heure, les dimensions exactes.

J'ajoute que l'odeur du pâté ne me semble pas désagréable (non, même pas le matin, je déjeune salé) et que tout ce que quiconque propose d'entreprendre à l'aide de 7 voiles me paraît doux.

Espérons que Louis soit du même avis !

(Et qu'il soit grand, son bateau !!!)

PeterCogen a écrit:

On peut commencer, cela va de soi, par exercer son propre regard sur les autres, par être attentif à leur noblesse, par scruter le moindre signe de leur générosité, par chercher le trait de génie que masque l'ordinaire.

Oui, un exercice a « hauts risques » !
Où comment devenir amoureux de l’Autre

Cette recherche de la beauté chez l’autre est intéressante…
Parfois je me demande si nous ne projetons pas chez l’autre un idéal… lorsque nous aimons quelqu’un nous lui trouvons toutes les qualités…lorsque l’amour n’est plus là…nous le revêtons de tous les défauts de la terre. Pourtant ni l’un ni l’autre n’a fondamentalement changé !

Comme si la beauté du monde venait de notre disposition à voir du beau…

Mais je suis d’accord avec vous: j’aime regarder les gens quand je suis dans le bus ou le tram…je me dis que toutes ces personnes se sont levées pour être dans ce théâtre du quotidien… le collégien, l’infirmière et puis ce monsieur qui a l’air ravi d’être là et qui regarde tout autour de lui….mince là, c’était moi

Oh ben...

A vivre sans péril
On vivote sans gloire

Becdanlo est sensible
Peter intrépide ! Entre les deux...

Pour simplifier un peu les choses, Made...

Suis intrépide ici, mais globalement gauche et glandouilleur partout ailleurs.

PeterCogen a écrit:

Pour simplifier un peu les choses, Made...

Suis intrépide ici, mais globalement gauche et glandouilleur partout ailleurs.

curieux !